top of page
sousbois.jpg

Sous-bois

 

Le proverbe : « Pour vivre heureux vivons cachés »

N’est-il pas simplement un conseil judicieux

Donné par la nature à tous les prétentieux

Qui de ce qui brille semblent s’amouracher

 

J‘en veux pour exemple la simple promenade

Qui m’a mené céans aux aurores ce matin. 

C’est un endroit discret où la lumière s’éteint

Protégé de Phoebus par une immense arcade

 

Une armée de sapins presque tous centenaires

Y montent vers le ciel à l’assaut du soleil

 En gardant bien caché un monde de merveilles

Dont ils sont à jamais les fiers paratonnerres

 

Je pénètre en ces lieux par une sente obscure

Saupoudrée au travers de rares interstices

De rayons lumineux qui dans les ombres tissent

Un fil invitant fort à risquer l’aventure

Quelques pas et soudain saisis par le silence

Je me laisse cueillir par la fraîche atmosphère

Qui semble me vêtir d’un capulet offert 

Par mon hôte sylvestre en mal de bienveillance

 

Précautionneusement, la forêt m’apprivoise

Habitués à présent mes yeux me laissent voir

De petits arbrisseaux aux fruits ronds presque noir

Semblant sortir d’un lit que la mousse pavoise

 

myrthilles.jpg

 

Elles sont là devant moi les violettes myrtilles

Notes dansant sur une portée musicale

Encor toutes parées de la fleur virginale

Qui voile chaque grain d’une pâle mantille

 

Plus loin car du sentier quelque peu à l’écart

Sont de petits fruits rouges arrangés sous leurs tiges

Et au-dessus desquels une abeille voltige

Leur senteur l’attirant tel un puissant nectar

fraisesdesbois.jpg

 

 

C’est un étroit carré rempli de fraises des bois

Qui peut-être parce qu’on les nomme sauvages

Sans conteste, et cela, depuis le fond des âges

Parmi tous les fraisiers sont le premier des choix

 

Que vais-je encore trouver pour remplir le panier

Déjà un peu lesté par ces sucrés délices ?

Trouverais-je aujourd’hui les parages propices

Qui procurent au cueilleur des joies de braconnier

 

Un papillon, mais non, c’est bien sûr une feuille

Qui tombe là doucement et puis comme à dessein

Sur un petit chapeau qui lui sert de coussin

S’arrête pour me faire un malicieux clin d’œil

 

Qu’a-t-elle à me montrer la feuille nostalgique

Serait-ce l’oronge champignon des césars

Ou n’est-ce pas plutôt bien moins heureux hasard

L’amanite panthère aux vertus maléfiques

 

Les champignons des bois ne sont pas solitaires

Ils se plaisent à sortir il suffit de chercher

Près de l’amanite le sol en est jonché

 Paradant à loisir comme sur un éventaire

lepiote.jpg

 

 

La lépiote pudique arrange sa coupelle

Trompettes de la mort et coprins caracolent 

Chanterelles et giroles dansent une farandole

Les morilles d’automne se tiennent en sentinelle

 

Le lactaire délicieux offre aux fourmis son lait

Le cèpe des pins au chasseur se signale

Bientôt outrepassé par le bolet royal

Tandis qu’ici gît le cortinaire violet

 

La ronde mycologique s’interrompait

D’emporter ces trésors le moment est venu

Par le charme des lieux, je me sens retenu

Pourrais-je m’éloigner de ce havre de paix

 

Comme Cendrillon au bal du prince charmant

Aux mystérieux sous-bois, allons nous attarder

Souffrons alors de voir notre âme s’évader

Et loin des tumultes vivre plus sagement…

 

Alain Bernard le 26 novembre 2020

Retour à la page précédente

bottom of page