Les 12 mois de l'année
Veilleuse de la nuit, la lune avec entrain,
Conduit le bal des mois et n'en est point jalouse,
Quelquefois un peu courts, ils vont toujours par douze
Comme les pieds vaillants d'un bel alexandrin.
Bien que vieille grand-mère, elle enfante toujours
Le mois qui correspond à la bonne saison
Elle règle le temps à chaque lunaison
Elle veille sur lui protégeant bien son cours.
Car ainsi va la lune au long fil de l'année
Toujours recommençant et jamais finissant
Du soleil fatigué s'émouvant au couchant
Se plaît à réveiller les ombres amenées.
*
Une nuit de janvier sur la neige un levraut
Au bord de la clairière à son terrier revient
L'épervier fin chasseur scrute ses va-et-vient
Mais la lune s'endort et trompe le maraud.
Où sont-elles les baies sur le genévrier
On n'entend déjà plus la querelle des grives
Pendue en haut du ciel la lune maladive
Voit le froid décompter les jours de février.
Les pluies du mois de mars ont enivré la terre
Le soleil chahuté réchauffe les averses
La nature le soir à la lune converse
Dessinant ses atours dévoilant ses mystères.
Lorsque surgit avril venant tout bousculer,
De la terre et du ciel se donnent rendez-vous,
Les oiseaux, les fourmis, tout un chacun se voue
À construire son nid à tracer ses allées.
Le soleil s’est couché tout est prêt alentour
Sous la lune qui dort, lucioles caracolent
Et s'éveille au matin la grande farandole
Du mai tout guilleret de fleurs et puis d’amour.
Les granges débordent sur le coup de minuit
l'odeur du foin coupé grise bêtes et gens
Quand brûlent de partout les feux de la saint Jean
En juin, sont longs les jours, trop courtes sont les nuits.
Tous les fruits savoureux des trésors de juillet
Rouges fraises des bois myrtilles attendues
Cerise et mirabelle aux branches suspendues
Que guêpes et moineaux sans vergogne pillaient.
Tout en haut du vallon la mer s’est étendue
Le vent chaud de l'août berce de longues vagues
Pépites de blés d'or qui suspendent leurs bagues
Aux poutres des greniers sous les chaumes pentus.
Au cœur de la forêt des taches au teint d'ambre
Dans un repli caché tout entouré de mousse
Logeant au clair-obscur de peur qu'on le détrousse
Git le bolet royal aux détours de septembre.
L’automne a bien rougi les pampres de la vigne,
Les vendanges d'octobre encombrent le pressoir,
Dans la cave voûtée à l'approche du soir
Bacchus et ses amis ne peuvent rester dignes.
Ils ont gaulé les noix avec le vent du nord,
Au moulin les portent les mains couleur de brou,
Sous la meule de pierre attachée à la roue
Des larmes de novembre a jailli l'huile d’or.
Et puis s'en va l'automne et s'en revient l’hiver,
L'invincible arc du temps s'accroche à l'engrenage
De l'épine du houx poursuivant le voyage
Et sur la boule rouge, un nouvel an s’avère…
Alain Bernard - décembre 2021