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La mousse
(En hommage au Saihouji, Kokedera, à Kyoto)

D'une exquise pudeur, elle voile son charme

Sans aucune racine, a fait fi de la terre,

Un reflet de soleil effleure son parterre

Sa paupière éblouie endigue une larme.

 

Un arbre intimidé de fierté se désarme

La laissant sur son tronc arranger son mystère,

Au bord de ce trésor que nulle gêne altère

Seul l'étang à ses pieds pour l'abreuver s’alarme.

 

En ce jardin béni, mousse silencieuse

De nos cœurs tourmentés, seras-tu la veilleuse

Qui peut, dans la pénombre, un mauvais vent calmir.

 

Quand viendra cette nuit où la vigueur s’émousse,

Dans l'attente du jour, il fera bon dormir

Si tu brodes la pierre avec des brins mousse…

 

Alain Bernard , le 18 octobre 2022

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